1972 – Les grandes questions
Compte-rendu de la réunion de parents du 22 mars 1972
Débat intéressant par la confrontation de 2 méthodes éducatives opposées. Je ne chercherai pas à les exposer «objectivement» car j’ai moi-même opté et mon compte-rendu ne saurait être neutre. A ceux qui ne seront pas d’accord, de défendre leur propre point de vue.
LE DEBAT EST OUVERT
Les jeunes des années 72 posent de nombreux problèmes aux adultes de la société : Ils «discutent» !!!
Ils discutent tout : l’autorité, l’habillement, le travail, l’enseignement, l’amour, la sexualité, le régime politique.
Dans la mini-société EEDF, cela se traduit par les symboles correspondant à ces grands thèmes : l’uniforme, le respect devant le chef, le cérémonial de la promesse, le fait de prononcer sa promesse, les badges que l’on coud sur la manche, et qui chiffrent la progression individuelle, le droit de fumer si l’on veut, l’opportunité de l’effort gratuit (apprendre le morse à l’époque des télécommunications). Naturellement, le scoutisme de Papa ne retrouve plus son compte.
Alors, chez les parents, 2 attitudes :
Les uns veulent guider, encadrer, conseiller, inculquer, de manière à ce que les enfants adoptent, bon gré ou mal gré, ce modèle idéal qui s’intitule : « de mon temps ».
Les autres veulent laisser leur enfant faire ses propres choix, ses propres expériences. Se tromper, peut-être, mais pour apprendre.
Aller, à chaque âge, au maximum des responsabilités, qu’il peut porter. Ils admettent le risque de voir devenir « chevelu, poête », celui qui avait rêvé « menton rasé, ventre rond, notaire » comme dit Georges Brassens.
La longueur des cheveux, la fantaisie du vêtement ou l’incorrection du langage ne sont pas des délits en soi, cela a même très peu d’importance au regard de l’appétit de vivre, de l’amitié des copains, de la bonne insertion dans la vie sociale, de la passion de construire.
Au plus cela représente un moment de l’évolution des adolescents qui n’a pas que des aspects négatifs : Désir de réviser les idées reçues, d’affirmer sa personnalité, aspiration à plus de liberté.
A nos adultes d’être assez murs pour comprendre ce langage, même s’il est maladroit ou excessif. C’est ainsi que j’ai compris les interventions de Monsieur Yvon Bastide, responsable national des EEDF.
Il pense que le mouvement ne peut survivre que s’il a un caractère démocratique. Rien n’oblige les jeunes à le fréquenter. Il faut donc qu’il réponde à leur besoin à eux. Ce n’est pas l’excès de démocratie qui entraîne les révoltes, mais au contraire l’excès d’autoritarisme. C’est du moins ce que j’en ai retenu. Il ne me reste plus qu’à souhaiter que ce compte-rendu suscite les remarques ou objections d’autres parents, présents ou absents de cette réunion, et que le dialogue se poursuive.
Marie HUFSCHMITT
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