Appareillage
Eclaireuses Eclaireurs de France
Groupe Lapérouse de Boulogne-Billancourt

Traditions

Avril 93 : Comment transmettre avec modestie l’histoire du groupe aux jeunes éclés pour Chevreau qui avait participé à l’ensemble des aventures du groupe ? Réponse… en se déguisant : Un « très ancien du groupe » anonyme écrit un article pour Appareillage… Il s’agissait sans aucun doute de lui car il était le seul à pouvoir connaître ces histoires durant aussi longtemps. Il s’amuse d’ailleurs dans cet article avec son déguisement.

C’est incroyable ! Figurez-vous que le groupe Lapérouse créé il y a plus de 45 ans existe toujours mais en plus il est un des plus importants de Paris et de sa région. Vous n’étiez pas né que Pierre LEVY décidait de fonder son groupe. Vous me direz que ce n’était pas très original à cette époque, car le district (représentant la moitié du 16ème arrondissement de Paris) comptait déjà 15 groupes. Je vous laisse imaginer le nombre de scouts parisiens et croyez-moi, le pays en avait bien besoin de ces petits gars pleins de vie ! Néanmoins il fallait une sacrée dose de courage et d’abnégation pour entreprendre une telle aventure et persévérer quoi qu’il arrive, et vous verrez qu’il en est arrivé des aventures au groupe. La première de celles-ci était de poser les fondements propres à engendrer la pérennité du mouvement. Il a fallu tout d’abord trouver le nom du groupe qui prenait forme sous l’impulsion de quelques bons amis. La tradition voulait que chaque nouveau groupe du district prenne le nom d’un navigateur. La décision fut prise de choisir Jean François de LAPEROUSE qui symbolisait l’exploration pacifique; J’ai entendu parler dernièrement de la découverte du territoire africain par quelques aînés ce qui montre bien que ces deux concepts d’exploration et de pacifisme sont d’actualité.

Mais le nom d’un groupe n’est pas tout: il nous fallait trouver un cri, un chant, des couleurs, des noms de patrouilles, un local et j’en passe. Inutile de vous dire que les idées fusaient de toutes parts et je dois dire sans fausse modestie que vous me devez les couleurs de votre foulard. Cela n’a pas été une mince affaire et je m’explique : notre district, encore lui, nous demandait d’utiliser un fond bleu. Je proposais orange comme couleur complémentaire de bordure, une des rares non utilisée par les autres groupes. Malheureusement, impossible de trouver du tissu de couleur orange; Seul le jaune était disponible. Va donc pour le jaune, mais je ne perdais pas mon idée de vue, et ce n’est que quelques années plus tard que le foulard pris ses couleurs définitives.

A propos d’anecdotes, en voici une autre: Quel est le rapport entre les noms de patrouilles ? Eh bien, jusqu’à ce que certaines pensent que les cerfs, chinchillas ou antilopes, pouvaient avoir une relation avec l’univers marin : toutes les patrouilles portaient le nom d’un animal marin. Saviez-vous que les Ours étaient polaires ? En approfondissant un peu, on s’aperçoit que les Squales et les Marsouins, les HP respectives des deux troupes, portait aussi un patronyme marin.

Une fois que nous avons trouvé le nom de notre nouveau groupe, il nous a fallu potasser attentivement la vie de notre héros pour trouver de l’inspiration. Nous apprenons ainsi que le jeune Lapérouse, enfant turbulent mais d’un grand courage était sumommé au collège «cul de bronze››. L’histoire nous décrit que le futur navigateur n`échappait pas aux châtiments corporels infligés par le portier du collège, lui même surnommé « bras de fer », tellement sa poigne était vigoureuse. Le pauvre Jean François subissait, sans jamais protester, les assauts de « bras de fer » et gagna ainsi sa réputation de « cul de bronze ». Ah, la belle époque !

A l’époque nous n’avions pas de soucis avec les éclaireuses, qui arrivèrent un peu plus tard, ni d’ailleurs avec les louveteaux qui formeraient petit à petit la future meute de l’alisier; (encore une tradition du district qui voulait que toute nouvelle meute porte un nom d’arbre).

Vous avez peut-être remarqué que dés le début le groupe dépendait de Paris, et non pas de Boulogne Billancourt. Un des plus gros problèmes pour nous résidait dans le fait que nous n’avions pas de local. La recherche d’un local est la raison de notre émigration. La mairie du 16ème arrondissement nous prêtait un local dans la mairie même, ce qui n’était pas très pratique pour tout le monde, mais la municipalité ne pouvait pas faire grand chose d’autre. De plus les municipalités de banlieue allouaient des aides pour les jeunes formations et c’est tout naturellement que nous nous sommes dirigés vers Boulogne, ville limitrophe du 16ème. Notre premier vrai local, que nous devions partager avec la M.J.C., se situait rue Anna Jacquin. Je me souviendrais encore longtemps de la construction de ce local car a cette époque les moyens financiers de la municipalité étaient très limités, et le groupe avait dû construire son local lui même… Par la suite nous sommes allés rue de Silly pendant quelques années, puis rue des Longs Prés, rue Couchot et enfin rue de Clamart ou je crois que les éclaireurs actuels jouissent d’un superbe local. Je souhaite qu’ils en prennent soin et sachent apprécier à sa juste valeur.

En parlant de Boulogne, je voudrais évoquer la longue tradition d’aide mutuelle qui nous lie et qui débuta à l’occasion d’une fête annuelle dite du Charivari. Notre but était de vendre des confettis et en contrepartie nous pouvions récupérer une part des bénéfices. Chevreau eut la bonne idée de demander, à la place d’une partie des bénéfices, une subvention de la municipalité. Bien lui en pris, puisque la fête du Charivari s’interrompit quelque temps plus tard, mais les subventions subsistèrent.

Je ne vous ai pas encore parlé de l’uniforme qui est pourtant un élément important de la tradition; De nos jours, certains éclés ou « zéclés », comme ils se nomment, ne portent plus d’uniforme; Je ne me pencherai pas sur cette question aujourd’hui, mais il me semble que chaque groupe, qu’il soit social, sportif, ou politique se distingue par un uniforme et je ne vois rien de répréhensible à cette situation. Par contre il est évident que les modes passent et que donc l’uniforme devrait suivre les tendances de l’époque.

En 1945, nous avions une chemise kaki et une culotte courte bleue marine. Dans les années 60, les éclaireurs arboraient une belle chemise gris argent ainsi qu’un pantalon gris acier. Enfin, depuis une vingtaine d’années, la chemise orange est assortie d’un pantalon et d’un pull marron. Les routiers, et ce depuis l’Afrique, ont un uniforme diffèrent : chemise beige et short beige.

L’association nous imposa l’uniforme, mais aussi les méthodes de progression : L’aspirant, la seconde et première classe ainsi que le pilote individuel, sont à la base du scoutisme. Le groupe Lapérouse conserve ce système qui apporte toute satisfaction, mais n’est pas opposé à la modification de certaines épreuves. Là encore, les techniques évoluent et il me semble nécessaire de suivre cette évolution mais de ne pas détruire nos acquis. Jusque dans les années 1970, il n’y avait qu’un carnet d’étapes pour tous les éclaireurs de France. Il en était de même pour les brevets. Par la suite les brevets sont devenus optionnels, puis certains groupes les supprimèrent. Il semble que cette méthode de progression est réutilisée actuellement mais sous une autre appellation.

La patrouille pilote est une tradition un peu perdue; il fallait que la patrouille ait un C.P de 1ère classe, qu’il y ait plusieurs 2ème classe et que les nouveaux soient formés à l’aspirant; en plus de cela. il fallait que la patrouille totalise un certain nombre de nuits au camp et réalise un « exploit ». Avis aux amateurs !

En plus de toutes ces traditions, le groupe créa ses propres coutumes. La citation est une de celles-là. Une citation est proposée par un ou plusieurs responsables pour récompenser le comportement particulier d’un éclaireur.

En haute patrouille, le têtard qui désire devenir squale doit avoir sa seconde classe, et obtenir les brevets de cuisinier (vorace), de nageur (squale) ou de batelier, et de campeur. Les squales sont voraces et les marsouins, exemplaires. Les flots de haute patrouille sont bleu et blanc pour les uns et blanc et bleu pour les autres. En général, la haute patrouille se réserve une veillée au camp ainsi que certaines activités propres, comme le début du camp d’hiver. Les traditions ne peuvent exister que par l’action du temps et celles du groupe Lapérouse sont bien ancrées dans les mentalités.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps encore, dans les armées 1970, l’ambiance de contestation générale mit le groupe à mal ; Après un long combat, ce n’est qu’en 1975 que Chevreau redressa la barre et permis au groupe de prendre un nouvel essor. Espérons que le groupe résistera par-delà les modes et les difficultés, et vous permettra encore longtemps de vous amuser, d’apprendre et d’apprécier la vie telle qu’elle est.

Un très ancien du groupe

Pour aller plus loin :